La tentative de fuite n°7 a échoué [PV Vincent]

Son esprit est brisé mais pas sa volonté. Julius ignore comment il en est arrivé là. Il est arrivé sur Terre il y a maintenant deux ans. Il se souvient avoir erré, beaucoup erré. Il lui est arrivé des choses incroyables dans le mauvais sens du terme. Après avoir enchaîné poisses sur poisses, lorsqu'il est tombé sur Vincent Henris, il a pensé que la délivrance était à ses pieds. Mais ce n'était rien d'autre qu'un nouvel emprisonnement.

Julius n'est pas rentré chez lui. Depuis un an et demi, il est séquestré par ce Comte. C'est dans une des grandes étagères de Maître Henris qu'il les a vu. Ludwig Kakumei. C'est naturellement que ses yeux se sont posés sur ce nom, faisant chavirer son coeur. Son prince ... Bien entendu, comme tout esprit raisonnable, il a pensé au hasard. Et pourtant .... Avec les .... manga ... En mains, il en a la preuve. Leurs vies ne sont que des histoires écrites sur du papier par un Terrien. Mais il existe un monde où ces livres prennent vies. Il en fait parti. C'est pour cela que le Comte Vincent l'a amené. Il l'a reconnu au premier coup d'oeil. Pièce maîtresse de sa collection. Collectionner des livres, des figurines et autres, c'est bien, mais avoir pour lui tout seul une personne qui vient d'un conte, c'est encore mieux.

Il lui arrive de récupérer ces fameux "Ludwig Kakumei" afin de ne pas oublier le visage de ses proches. Hansel, Gretel et même ce muffle ô combien beau de Ludwig. Pourtant, il perd espoir en eux. Ils l'ont sans doute oublié depuis le temps. Malgré ses malheurs, Julius garde courage. Ses plans d'évasions tombent toujours à l'eau, il se fait à chaque fois chopper. Il se brise complètement. Il se sent comme éteint, sans vivacité. Le blondinet regarde les plaies sur ses jambes nues. Sauter d'un étage et se casser la figure, ce n'est pas très raisonnable. Mais dans sa course folle, il réussit néanmoins à quitter le manoir et même traverser une partie de la forêt. Cheville foulée, égratignures, bleus, la douleur semble ne plus avoir d'importance. Il n'est plus que l'esclave de cet homme, une poupée de chiffon qui a perdu son libre arbitre et son âme. Mais pas sa volonté. Un jour, il réussira à lui échapper.

16 ans. S'observant dans le miroir, il se trouve grandit, tout en gardant ses traits enfantins. Il change tout en restant si semblable. Et Ludwig ? Il est marié ? Il est roi ? Gretel, Hansel ? Qu'est-ce qu'ils deviennent ? Est-ce qu'il y a quelqu'un pour penser à lui ? Non, il est seul. Juste seul. Julius pose un dernier regard sur une page du manga qu'il a arraché, avec le portrait de Ludwig. Après une hésitation, il froisse la feuille et la jette dans le feu de sa cheminé personnelle, la regardant se consumer dans les flammes. Le passé n'a plus d'importance, et l'avenir est incertain.

L'adolescent se lève pour atteindre sa salle de bain privée. Il laisse l'eau couler sur son corps pour faire disparaître la terre et les traces de sang dû à son périple. Il n'a pas encore fait face à son maître depuis sa tentative de fuite. Quelle ironie d'appeler quelqu'un "maître" quand on est un prince. Oui, un prince et non une pièce de collection. Il n'est pas encore assez brisé pour oublier son identité. Julius grimace et enfile des vêtements propres. Il a toute une garde robe dans son placard. Des vêtements qui sont totalement dans ses goûts et uniquement choisit par le jeune maître. La sensation qu'il sache tout sur lui est particulièrement désagréable. Il se sent mis à nu, comme si aucun secret ne peut lui échapper. Julius a même eu le droit à un cadre avec le portrait de Ludwig. Sans doute pour entretenir la flamme pour qu'il soit parfait. Dans un éclat de colère, quelques mois plus tôt, il avait brisé le cadre.

Vêtu d'un petit short, il a tout juste le temps d'enfiler son haut à manches longues et à rayures, lorsque la porte s'ouvre. Reconnaissant la silhouette de Vincent, le blondin se tasse au fond de son lit. Ses jambes nues sont toujours marquées par ses plaies, il n'est plus qu'une pièce de collection abîmée. De ce fait, il redoute la colère de son "maître".