Inertie totale

Je caressais doucement son bras.

"Ils n'ont pas bougé depuis tout à l'heure, ce sont les mêmes personnes... On va rentrer. Merci, et désolé de vous avoir déranger." dis-je en direction des policiers.

Les policiers se montrèrent compréhensifs. Sans doute avait-il l'habitude de ce genre de situation. Il regarde Jeremy un peu perdu.

"Je ne comprend pas, j'étais si sur ..."

Malgré tout, que ce soient eux ou non, certains détails lui reviennent.

"C'est pas grave. Ils habitaient sûrement à Lille de toute façon... Arnaud, pourquoi est-ce qu'ils t'ont agressé, toi ?"

Arnaud hésite ... Si maintenant il s'en rappelle, il n'a pas forcément envie d'en parler. Surtout pas à Jeremy qui est principalement concerné. Il n'a pas envie de le le faire culpabiliser.

".... Je ne sais pas." Il détourne legerement les yeux.

"D'accord..."

Je sentais bien qu'il n'avait pas envie d'en parler, je n'insistais donc pas. Vu les blessures qu'il avait eu, ses agresseurs n'avaient pas du y aller de main morte. S'il se souvenait de quelques images, il devait souffrir... Mais il en parlerait quand il se sentirait prêt... Enfin j'espérais.
Je lui souris et démarrais pour rentrer chez lui.

"Tu as faim ? J'ai vu qu'il restait des nuggets, et je sais que tu adores ça ! On s'les fait devant un film ?"

"Des nuggets ! Tu me prends par les sentiments !"
Il se force à sourire mais la volonté n'y est pas.

Je sentais bien qu'il n'était pas en forme. J'espérais pouvoir lui redonner son beau sourire. Je lui fis un clin d'oeil et le posai dans le salon, sur son fauteuil, avant d'aller préparer des nuggets avec un peu de salade verte. Je revins et posai le tout sur la table du salon.

"Alors qu'est-ce qu'on met de beau ? Je t'en supplie, ne m'oblige pas à regarder les bronzés..."

"Non mais ! Les bronzés font du ski ! C'est la base" fait-il en mangeant ses nugetts. "Franchement, Jeremy, je ne te comprends pas ! Toi, tu as des goûts, mais alors nuls !"

Il le taquine pour lui montrer que tout va bien. Inutile de l'inquiéter. Il aura le temps de songer à tout ça, plus tard.

"Ah ouais ?! J'ai des goûts nuls, moi ? Qu'est-ce qu'il y a de drôle à voir un mec faire du planté de bâtons, tu m'expliques ? Non parce que je sais que ton humour est débile mais là... ! C'est du bas level, mon pote !"

"Pardon ? Tu m'insultes mon ami. C'est juste que toi tu as un humour de gros gamin. Nous l'ancienne génération au moins, on sait ce que rire veut dire"

"Moi un humour de gros gamin ? ...." Je me jetai sur une chaise en levant le poing. "Captaaaaain Americaaaa wooooouh !" Je me redressai et le pointai du doigt. "Ca c'est toi mon pote ! C'est toi avec ton humour de débile !"

Arnaud le pointe du doigt, en signe d'avertissement !
"Attention, n'insulte pas Captain ! Tu es juste jaloux de son talent !! Parce que tu n'arrives même pas à sa cheville !" Néanmoins, Arnaud détourne la tête, et se fait plus dur.
"Mais t'inquiète pas, mon super héros, c'est toi."

Je haussai les sourcils. Quoi ? Mon ? Son héros ? Si je l'avais été il ne serait pas dans cet état.

"... J'ai pas de cape ! Ni de collant... Heureusement d'ailleurs, ce serait parfaitement ridicule ! On a qu'à mettre Captain America à la télé !" je coupais court à la discussion et mis le film.

Le compliment est mal passé. Arnaud secoue la tête. Pourtant ce qu'il dit est vrai. Sans Jeremy, il ne sait pas comment il s'en sortirait.

Arnaud profite du film mais fini par s'endormir devant.

Je posai ma main dans ses cheveux en le regardant dormir. Il semblait relativement paisible.... Je souris et attendis un moment avant de le soulever. Heureusement que j'avais des muscles, parce qu'il pesait son poids malgré sa gine silhouette... Je le déposai doucement sur son lit en faisant attention de ne pas le réveiller et déposai un baiser sur son front.
Bon sang.... Etait-ce le comportement que devait avoir un ami, ça ?
Je soupirai et m'allongeai à côté de lui.

Arnaud ne pensait pas se réveiller avant le petit matin .... mais le destin en voulu autrement. Au plein de la nuit, il se réveille en hurlant. Le corps en sueur, se débattant contre un ennemi invisible.

En un sursaut, je me réveillai en entendant Arnaud hurler. Je l'aperçu tenter de griffer l'air de ses mains, le dos arqué, la bouche entrouverte.
Je le saisis par les épaules pour le réveiller d'une secousse.

"ARNAUD !" criai-je pour le ramener à la réalité. "Arnaud, c'est un cauchemar !"

La respiration difficile, Arnaud a du mal à revenir à la réalité. Il agrippe les bras de son ami. Arnaud a l'impression de souffoquer.