Le début d'un nouveau voyage [PV Ludwig]

Elle aurait pu le sauver. Si seulement Maître Julius ne c'était pas montré aussi têtu. Et même si elle était tombée avec lui, au moins son pauvre maître ne serait pas resté tout seul. Mais non, afin qu'elle soit épargnée, alors qu'elle le retenait comme elle pouvait, le petit prince avait fait disparaître ses mains grâce à la magie, tombant dans le portail qu'avait ouvert l'haricot magique. Portail qui se referma tout aussi vite.

Et depuis deux ans, Gretel le recherche. Elle passe son temps dans n'importe quelle contrée, à la recherche d'un quelconque indice sur la destination de son maître. Mais à chaque fois, elle revient bredouille. Pourtant, la chasseuse de sorcières est tenace et jamais elle n'abandonne l'affaire. Hansel aussi l'accompagne, silencieusement. Leurs caractères sont différent, mais elle sait que lui non plus ne laissera pas Maître Julius à son triste sort, affecté par sa disparition. Au château de la reine Amalberga, pratiquement tout le monde avait oublié le petit prince disparu depuis tellement longtemps. Le prince Ludwig est retourné à ses voyages pour trouver une princesse digne de lui, et Gretel ne peut s'empêcher de se demander s'il en profite pour lui aussi chercher des indices.

Lorsque Gretel a raconté à son Ange comment son maître c'était fait emporté à travers le portail, Ludwig semblait dénoué de sentiments, tout juste ennuyé, comme s'il ne portait que peu d'intérêt à cette histoire. Pourtant, Gretel sait que le coeur de celui qu'elle a toujours appelé "son ange" est moins froid qu'il y parait. Mais après deux longues années d'absences, elle ne peut lui en vouloir de l'oublier si jamais c'est bien le cas.

Quant à elle, voila un an qu'elle n'a pas vu Ludwig, mais le prince vient tout juste de rentrer de son dernier voyage. Déterminée mais aussi en cause de dernier espoir, Gretel frappe à la porte de ses appartements et attend sa réponse avant d'entrer. Vêtue de sa tunique traditionnelle lorsqu'elle part en mission, Gretel porte également son lance flamme sur son dos. Le visage sombre, elle baisse légèrement son chapeau sur son visage crispée. Ses mains moites serrent le bout de tissus en faisant passer ainsi toute sa contrariétés. Il ne reste plus rien de la pétillante fille que Ludwig a connue, elle laisse seulement place à cette culpabilité qui habite son coeur. Tourner autour du pot ne fait pas partie de ses habitudes, de toute façon, trop impatiente pour attendre.

"Mon ange ..." commence-t-elle d'une voix peut-être un peu trop brusque avant de reprendre après une courte pause. "Prince Ludwig, je vous demande la permission de quitter le château afin de partir à la recherche du Sorcier Rumpletstiltskin."

Voila, c'est dit. Et vraiment surprenant de sa part, surtout lorsqu'on connait la haine qu'éprouve Gretel pour les sorciers et les sorcières, qu'elle n'hésite d'ailleurs pas à carboniser à l'aide de son lance-flamme. Et pourtant, elle se trouve forcée de mettre ses sentiments et sa fierté de côté, pour le bien de son jeune maître. Elle continue donc dans sa lancée, terminant par quelques explications sur cette étrange requête.

"Mon ange, vous êtes surement au courant pour la brèche qui est apparue et qui sélectionne des personnes pour aller sur dans cet autre monde sans magie. Les rumeurs disent que Rumplestiltskin serait lié à cet événement. Je veux donc passer un contrat auprès de lui pour moi aussi aller sur Terre et retrouver Maïtre Julius."

Le tout est de garder son sang froid et de ne pas tenter de brûler vif le puissant et célèbre Rumple lorsqu'elle lui fera fasse. A la condition que Ludwig la laisse partir ? Il est rare de voir Gretel aussi sérieuse. Habituellement, elle aurait rit et lancé une vanne. Il n'y a pas grand chose que la chasseuse de prime prenne au sérieux. Mais Julius en fait parti. De toute façon, sa requête n'est qu'une simple formalité. Simple politesse. Ludwig doit bien savoir qu'avec son autorisation ou non, elle compte bien retrouver ce mage.

La réputation de Rumplestiltskin n'est plus à faire et le Ténébreux est plutôt à éviter. Un contrat avec lui est trop dangereux, si la requête est immédiatement exécuté, les conséquences sont toujours lourdes, car la magie a toujours un prix et les demandeurs finissent toujours perdants. Pourtant, pour Julius, Gretel est prête à vendre son âme s'il le faut. Tout comme son ange, Julius est celui qui a donné un sens à leurs vies.

Cependant, pour apaiser la tension qui régnait dans la pièce, elle esquisse un sourire et se penche en posant un doigt sur ses lèvres, adressant un clin d'oeil au prince. La rousse aux longues tresses éclate de rire et prend la parole avec sa bonne humeur habituelle.

"Et je promet d'être sage, je ferais cramer seulement son château !"

« Non, le pays ne me manquait pas, et encore moins votre tête, Père ! » lâchai-je non sans ironie, sourire insolent aux coins des lèvres.

Le faire sortir de ses gonds, l'une de mes spécialités. Heureusement, il semblait presque avoir perdu cette lubie de me faire coûte que coûte épouser une princesse de je ne savais quelle contrée lointaine. Pourtant, il m'envoyait sans cesse en voyage pour que je m’acquitte de la parole que j'avais bien pu lui donner. Il ne comprendrait jamais que le mariage était d'un mortel ennui, tant pour lui, qui devenait vieux et ridé – et impuissant ! – que pour moi qui avais besoin de diversité, de défis, et non pas de me voir lié à la vie, à la mort, à la même personne ! Oh bien sûr, j'avais promis fleurs, loyauté, fidélité à tout un tas de femmes – et d'hommes, même ! – mais ces paroles douteuses n'avaient tenues que bien peu de temps... Quelques jours, au grand maximum, jusqu'à ce que le goût devienne fade et sans saveur.
Enfin bref : le vieux me gonflait. Comme toujours. Il me rendait service en m'envoyant sans cesse un peu partout dans les différents royaumes ! La vie au château, bien qu'elle soit luxueuse et confortable pour mes goûts personnels, me convenait de moins en moins. Sans prendre la peine d'écouter les sermons de mon père, j'ordonnai à Will de monter mes bagages sur le champ dans mes appartements pour que je puisse m'y reposer avec un rafraîchissement ! Une longue route, et pas même un seul accueil chaleureux, non mais vraiment, je vous jure, je ne savais plus dans quel monde je vivais, moi !

Une fois arrivé dans mes appartements, je m'empressai d'enlever ma veste et de la jeter sur une chaise. Je laissai Will délasser mes chaussures et tout le reste avant de me jeter, nu, sur les draps en soie. Aaaah bonheur divin ! Il ne manquait plus qu'un bon bain chaud, des bulles, une fille nue, et j'avais tout ce que je désirais sous la main ! Enfin... Sans doute. Je tournai la tête vers une photo que j'avais gardé là, pour une raison obscure. Ce sale gamin, Julius. Un portrait ridicule qui encombrait plus qu'autre chose, à la vérité. Il fallait que je songe de dire à Will de le jeter au feu, je n'en avais pas l'utilité.

« Will, fais moi couler un bain, et vas ranger mes affaires. Et fais attention au tissu, cette fois, tu sais qu'il est fin et délicat, comme je le suis ! »

Je me levai nu, sans gêne devant mon valet, et enfilai ma robe de chambre orangée qui se mariait divinement bien avec mes longs cheveux roux. Alors que je m'apprêtai à me rendre dans la salle de bain de mes appartements, l'on frappa à ma porte. Un soupir exaspéré s'échappa de mes lèvres, même ici je n'avais pas une seconde à moi ! Dans quel monde vivions-nous, je vous le demande ! La porte s'ouvrit sur une personne que je n'attendais pas... Ou peut-être que si, au fond, je ne savais pas exactement quoi penser, cela faisait plus d'un an que nos routes ne s'étaient pas croisées. Je serrai la ceinture de ma robe de chambre autour de ma taille et m'avançai vers elle de quelques pas, les mains sur les hanches, l'air inquisiteur. Gretel avait au moins une qualité : elle ne tournait jamais autour du pot. Et, comme à son habitude, sa franchise me scia presque la langue. Elle avait grandement changé, ses airs sombres ne me plaisaient pas. Je fronçai les sourcils. Que croyait-elle ? Je n'avais rien à faire de ce qu'elle décidait d'accomplir ! Ce n'était pas mes affaires si elle décidait de passer un pacte avec le diable après, tout, non ? Ce Rumplestiltskin, j'en avais entendu parler, bien sûr, et c'était un escroc, un fourbe. On avait pas mal de choses en commun, finalement...

Lorsque ses mots parlèrent de Julius, je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel et de prendre mes grands airs de diva outragée. Elle me laissait tomber pour retrouver ce truc ? Sans compter qu'elle risquait de faire quelques dommages collatéraux, ce qui ne serait pas à mes avantages si jamais le sorcier apprenait qu'elle avait des connaissances telles que moi. Enfin, dans tous les cas, mon avis ne comptait pas réellement, nous savions tous les deux qu'elle ne venait que pour la forme, et non pas pour avoir mon assentiment.

« Quoi, tu me laisserai tomber comme ça ? Je suis affreusement blessé par si peu de sentiments à mon égard ! Tout de même, si tu fais brûler son château, qui te dis que ce n'est pas le mien – enfin, celui du vieux, c'est pareil – qu'il ne viendra pas réduire en cendres par la suite ? Et puis, aller sur terre, pour retrouver le mioche ? Je savais que tu étais sentimentale, mais quand même... » Je poussai un profond soupir théâtrale en me laissant tomber sur le lit, assit. « Mais bon, je sais que je n'ai jamais compté... » Oh oui, bien sûr, je savais que j'en rajoutai, mais c'était le jeu, non ? « Je constate que tu n'es même pas venu me saluer avec tout l'amour que je pensais être en droit de recevoir... Je suis vexé, et je crois que je vais me contenter de bouder tes requêtes. » Je croisai les bras et haussai mes sourcils finement taillés.

Bien entendu, ce n'était qu'un petit cinéma. Elle me connaissait trop pour entrer dans mon jeu, mais j'étais sûr que, quelque part, mes paroles la touchait peut-être... Je souris en coin.

« Si tu crois que je vais te donner la permission, tu te crames toi-même les fesses avec ton lance-flamme ! »

Les paroles faussement outrées du Prince ont au moins le don de décrisper son sombre visage, pour laisser place à un petit sourire, simple mais sincère. Elle tire sur ses nattes en roulant des yeux. La rouquine sait bien qu'il s'agit là d'un jeu et que son ange n'est pas aigrit de son affection pour Julius. Il sait à quel point elle tient à lui. A eux. Elle n'a jamais pu choisir entre les deux. Sans son coeur, il n'y a que trois personnes importantes : Hansel, Maître Julius et Monsieur l'ange.

A son tour, elle pose ses mains sur ses hanches, dans la même posture de diva que Ludwig.

"Monsieur l'Ange ! Si vous ne voulez pas que je sois hors de votre vue, j'ai l'idée parfaite !" Elle se penche vers lui, qui est assit sur son lit, et pose le bout de son doigt sur le nez du prince, comme elle aurait pu le faire avec son frère. "Vous n'avez qu'à m'accompagner dans mon périple, ainsi vous pourrez vous assurer que je ne brûle pas le château de ce vilain sorcier." Elle se redresse et tourne la tête vers la fenêtre.

"Qui sait, peut-être que sur Terre, vous trouverez enfin la femme parfaite que vous cherchez." L'espoir fait vivre. Elle n'y croit pas trop mais tous les arguments sont bons. Ou plutôt le prince parfait ! En pensant à Julius, un argument offensant lui vient à l'esprit. Son sourire se fait sarcastique et diabolique, elle tourne de nouveau son regard qui devient espiègle et provocateur, vers Ludwig.

"A moins que vous ayez peur de Maïtre Julius ?"

Et paf ! Comment l'atteindre dans sa fierté ! Bien joué Gretel ! Héhé !