Voyage improvisé et liens familiaux [Shigure, Akito, Momiji]

Serviette posée sur un rocher, le corps plongé dans l'eau, cigarette à la bouche, livre et crayon entre les mains, il se sent détendu. Un voyage dans les sources chaudes d'une des propriétés des Sohma. Un repos bien mérité pour Shigure, loin de la famille, loin des mômes.

C'est du moins ce qu'il pense, jusqu'à entendre la voix criarde d'un certain blond qu'il reconnait avant même que Momiji ne passe la porte de la demeure, qui mène aux sources. Il pousse un léger soupire, fermant les yeux, alors que la silhouette en short du garçon saute ni plus ni moins dans l'eau, ou plutôt à moitié sur lui. Shigure accuse le poids de Momiji. D'un coup sec et agacé, il ferme son carnet de note et le pose, ainsi que sa plume, sur le rocher, près de la serviette, au sec.

Son agacement disparaît pour un sourire épanoui, alors qu'il frotte les cheveux d'un Momiji rieur.

Momiji : "C'est Hatori qui m'a dit où te trouver !"

Shigure : "Ahahaha je m'en serais douté !"

Momiji : "Et je ne suis pas venu seul ! Akito m'a accompagné pour ne pas qu'il m'arrive quelque chose en chemin."

Shigure : " ..... Ahahahaha" Son rire est peut-être un peu trop forcé mais pas suffisamment pour que le garçon comprenne. "Oui, ce serait fâcheux que tu tombes sur un pervers. Beaucoup regardent un peu trop les jeunes personnes dans la fleur de l'âge !"

C'est au tour de Momiji de rire, pas du tout effrayé par les propos du brun.

Momiji : "Des personnes comme toi ?"
Shigure :"Ahahahaha ♥" Lui frotte plus vigoureusement les cheveux.

Il serait dommage qu'il t'arrive quelque chose, Momiji. Personne ne voudrait que tu sois blessé... Tu comprends ? Tête penchée sur le côté. Petit rire. Sourire hypocrite.

La chaleur et la poussière ne seyaient guère à Akito qui arborait sortir de la fraîcheur de sa chambre, surtout en été. Encore moins pour se rendre dans un endroit perdu comme celui-ci, aux sources chaudes. Quelle tête allait encore tirer cette vieille bique hystérique en le voyant arriver sans prévenir, lui, le chef de la famille... Cela épuisait déjà Akito rien que d'y penser.
Laissant Momiji courir devant (les gosses étaient eux aussi extrêmement fatigants...), Akito prit son temps pour arriver, se profilant à l'ombre des arbres, observant de loin Shigure profiter de son bain. Un sourire amusé étira les lèvres du chef des Sohma qui se dévoila, les mains derrière le dos. Sa silhouette émincée laissait montrer qu'il avait encore perdu du poids au cours des dernières semaines.
Paresseusement, il s'assit au bord des sources chaudes, non loin de Momiji et Shigure, les jambes croisées, les bras derrière son dos.

"Shigure n'est plus dans la fleur de l'âge depuis longtemps." laissa-t-il tomber, doucereux, à l'intention de Momiji. "Je ne sais pas comment tu fais pour supporter une telle chaleur, Shigure..." il laissa échapper un soupir. "Je trouve cet endroit vraiment sordide, pour ma part."

Il rejeta la tête en arrière, fixant le ciel un instant, sourire aux lèvres. Il ne savait pas encore exactement ce qu'il faisait ici. Sans doute s'assurer de son emprise sur les autres. Et Shigure tout particulièrement. Il ne supportait pas un éloignement trop régulier.

"Tu comptes rester ici encore longtemps ?" Son doigt se mit à faire des dessins dans la terre avoisinant les sources, sans but précis.

Il ressent sa présence sans avoir besoin de se retourner pour lui faire face. Le bruit des pas sur le sol attire son attention, il reconnait parfaitement la démarche légère mais oppressante. Shigure ne lui jette qu'un vague regard, faussement surprit.

La fin de ses vacances.

Rapportant son attention vers le mini blond, un fin sourire étire ses lèvres, il glousse, posant sa main devant sa bouche. Shigure s'abstient de faire remarquer à Akito que Momiji le traitait plus de pervers que de jeune homme dans la fleur de l'âge. Mais tout le monde connait déjà son faux penchant pour les lycéennes, inutile de donner une raison à Akito de s'irriter à peine arriver.

"C'est vrai que ça, c'est plutôt toi, Princesse ♥"

Quoi que. Au moins le titiller un peu. Nouveau gloussement.

Il faut vraiment qu'Akito soit parano pour avoir abandonner la fraîcheur de sa chambre pour se rendre dans un endroit qui ne lui plait guère. Mais puisqu'il est ici ... Alors le chien s'approche et sans prévenir, le soulève en marié dans ses bras. Momiji les observe, stoppant sa respiration, mais le brun n'y fais pas attention. Son regard est plongé dans celui d'Akito, intense et volontairement hypnotisant.

Puis soudainement.

"Oups, je glisse !" Annonce-t-il avant même de trébucher. Il fait racler son pied contre le sol, bascule théâtralement son corps en arrière .... Et lâche ni plus ni moins le corps d'Akito, dans l'eau. Momiji pousse un petit crie, les deux mains sur la bouche, horrifié. 

Princesse. Akito fronça les sourcils. Il connaissait assez Shigure pour savoir qu'il se moquait ouvertement de lui. Son doigt ripa d'avantage sur le sol, s'enfonça dans la terre fraîche. Alors qu'il s'apprêtait à se redresser légèrement pour faire face à Shigure, celui-ci l'attrapa soudainement, le portant comme une mariée... Ou une princesse, en l'occurrence. Leur regard se croisèrent. Piètrement, le cœur d'Akito rata un battement. Il refoula ce sentiment plein de pathétisme au fond de de ses pensées. Pas face à lui. Jamais. Pas après ce qu'il avait pu lui faire. Ni même pour ce qu'il continuait... Moqueries. Brimades. Sadisme. Akito le lui rendait bien, mais, parfois, il n'en pouvait plus. Ses nerfs déjà fragiles menaçaient de lâcher à tout moment. Aussi se contenta-t-il de lui jeter un regard sceptique, dans cette posture.

La chute fut abrupte, brutale. Son corps s'enfonça dans l'eau, ses vêtements, bien que légers, l'entraînant vers le fond des sources chaudes. Akito crut un instant s'étouffer, mourir. Il savait nager, mais, l'espace d'un instant, il oublia comment bouger les membres de son corps. Son cerveau ne coopéra plus. Une bulle d'air s'échappa de la commissure de ses lèvres tandis qu'il sombrait petit à petit.
Peut-être est-ce mieux ainsi... Mourir. L'aimait-on vraiment ? Ne seraient-ils pas tous heureux de le voir mourir ? Disparaître ? Ils ne se souviendraient pas de lui. Il ne leur manquerait pas...

Akito ferma les yeux et se laissa sombrer, oubliant la haine, la rage, laissant déferler le désespoir et l'agonie tandis que les dernières bulles de son oxygène s'échappaient vers la surface, heureuses de venir s'éclater à la lumière du jour.
La chaleur étouffante le fit suffoquer tandis qu'il se noyait indéniablement.

Une moue déforme le visage de Shigure. Sérieusement ? Il va nous la jouer à la drama queen qui préfère se noyer tragiquement que continuer de souffrir ? Oh, il pourrait mettre ça dans un futur roman. C'est au crie épouvanté de Momiji que l'écrivain revient à la réalité. Il pousse un soupire et se penche pour sortir de l'eau le corps sans connaissance. Le ramenant sur la terre ferme, Shigure ignore les pleurs du petit blond et entame un massage cardiaque. Au bout d'un moment, le corps fragile tremble, crache de l'eau. Akito perd de nouveau connaissance.

Et lorsqu'il se réveille, c'est Momiji qui est à son chevet, la tête posé sur le torse d'Akito, bien au chaud sous une couette, posé sur un futon. Les petites mains du blond serrent délicatement les doigts fins d'Akito. Entendant remuer au dessus de lui, Momiji redresse la tête. Ses mains se serrent d'avantage dans celle d'Akito, qu'il regarde, les yeux larmoyants.

"Akito ... J'ai cru que tu ...." Il ne fini pas sa phrase, se mordant les lèvres, encore épouvanté.

C'est ce moment que choisit Shigure pour entrer, une blouse blanche de médecin sur le dos.

"Momiji, écarte toi de mon patient, aujourd'hui, je remplace Hatori." Il se penche vers Akito et lui attrape la mâchoire. "Plus de tendance suicidaire. Si tu ne tiens pas à la vie, tu n'as qu'à me la donner."